Critique

Publié le 22 mars, 2023 | par @avscci

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L’Eden d’Andrés Ramírez Pulido

Andrés Ramirez Pulido poursuit dans la veine elliptique et sensorielle qui a fait le succès de ses courts métrages (Eden à Berlin en 2016, Damiana à Cannes en 2017) avec un premier long qui en prolonge les thèmes (la nature, l’emprisonnement, la jeunesse) et en confirme le style esthétique très marqué. À nouveau, le film se déroule dans une sorte de prison ouverte dans la forêt tropicale colombienne où les adolescents incarcérés alternent harassants travaux physiques et séances de thérapie collective. On croit, lorsque l’histoire commence, savoir précisément où elle va : il n’en est rien. En restant en permanence à la hauteur de ses personnages, sans misérabilisme ni complaisance, le cinéaste révèle peu à peu les failles et les traumatismes de chacun et évite les stéréotypes faciles. De la même manière, son sens du cadre et de la composition des plans, son recours aux ellipses et son utilisation de la musique nous sortent du naturalisme attendu pour mieux accompagner la dimension mystique du récit. Il se passe ainsi quelque chose de très beau, plutôt inattendu dans la rudesse de cet environnement, qui affirme la confiance d’Andrés Ramirez Pulido en ses personnages, et dans leur capacité de rédemption. On sent, à chaque plan, s’exercer la sensibilité complexe du regard qu’il porte sur eux, et son désir de sublimer par le réalisme magique des destins bien réels qui, contrairement à ceux des êtres de fiction, peinent à s’extraire d’une forme de déterminisme social et politique.

Marie-Pauline Mollaret

La Jauria. Film franco-colombien d’Andrés Ramírez Pulido (2022), avec Jhojan Estiven Jimenez, Maicol Andrés Jimenez, Miguel Viera, 1h26.




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