Critique

Publié le 7 avril, 2024 | par @avscci

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Le Vieil Homme et l’Enfant de Ninna Pálmadóttir

Malgré son titre français, ce film islandais n’a absolument rien à voir avec le classique de Claude Berri. C’est l’histoire très simple d’un agriculteur exproprié de sa ferme qui quitte la campagne pour la ville où la solitude lui pèse. Jusqu’au jour où il fait la connaissance du jeune fils de sa voisine. Un gamin renfermé, en quête de tendresse et de fantaisie à qui il entreprend de donner confiance en lui, alors même qu’il souffre en silence du divorce de ses parents. Une véritable complicité se développe entre eux, le vieil homme devenant en quelque sorte le grand-père de ce petit livreur de journaux qui fait l’objet de toutes ses attentions, probablement aussi parce qu’il lui rappelle celui qu’il a été et projette sur lui ses regrets d’avoir manqué d’audace. Le regard de Ninna Pálmadóttir sur ce scénario qu’elle n’a pas écrit se révèle d’une constante délicatesse. La réalisatrice ménage toutefois à dessein des zones d’ombre qui laissent planer le doute et semblent propices à des interprétations multiples. Le Vieil Homme et l’Enfant propose une réflexion insidieuse sur la puissance des apparences et sur les malentendus qu’elle peut engendrer. Son titre original, Solitude, en évoquait une autre caractéristique que partagent ses deux protagonistes et qui contribue à les rapprocher. Le film s’appuie pour cela sur l’acteur de théâtre chevronné Þhröstur Leó Gunnarsson et le débutant Hermann Samúelsson à travers une profondeur parfois vertigineuse qui requiert du spectateur un véritable travail sur soi. C’est le (modeste) prix à payer pour goûter à cette petite musique subtile.

Jean-Philippe Guerand

Solitude. Film islando-slovaquo-français de Ninna Pálmadóttir (2023), avec Þhröstur Leó Gunnarsson, Hermann Samúelsson. 1h15.




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