Critique

Publié le 1 décembre, 2023 | par @avscci

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Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré

Après trois longs métrages importants, Un poison violent, Suzanne et Réparer les vivants, Katell Quillévéré entreprend de raconter vingt ans d’histoire de France. Mais aussi vingt ans de l’histoire d’un couple, dans un film dont le sens de la narration, le souffle créatif sont fidèles aux deux modèles qu’elle revendique, Sirk et Pialat. Sirk pour les sentiments passionnels et contrariés, pour l’ampleur du propos, Pialat pour la précision chirurgicale du récit, l’attention au moindre détail. Une jeune fille de dix-sept ans, tondue à la Libération élève seule l’enfant d’un officier allemand qui s’est volatilisé dans les replis de l’Histoire. Elle rencontre un jeune bourgeois tourmenté. Leurs failles les réunissent. Ils vivent une grande histoire d’amour décalée, faite de leurs secrets respectifs et de leur désir de vivre. Deux acteurs stupéfiants, Demoustier et Lacoste, portent cette histoire inattendue, où les secrets (sirkiens) permettent de traverser la France d’une autre époque, de la Bretagne à Paris en passant par le Châteauroux des bases américaines, déjà évoquées par Alain Corneau dans Le Nouveau Monde. La grande complexité de ces deux destins, auxquels le destin de l’enfant de la honte est lié étroitement est parfaitement tenue par la cinéaste. L’attrait du romanesque, l’opprobre et l’énergie vitale, le sexe et le mensonge. Vaste programme, réussite totale.

René Marx

Film français de Katell Quillévéré (2023), avec Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Morgan Bailey, Hélios Karyo. 2h03.




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