Critique

Publié le 7 octobre, 2023 | par @avscci

0

Le Règne animal de Thomas Cailley

Le cinéma fantastique français de qualité est une denrée si rare qu’on ne peut que s’enthousiasmer à la vision du second long métrage de l’auteur du déjà original Les Combattants. Il nous donne l’impression d’être les témoins d’un renouveau exaltant d’un cinéma hexagonal épris de libertés formelles et narratives et attentif à l’évolution des mœurs. Depuis deux ans, les cas de mutations d’humains en animaux à poils, à plumes ou à écailles se multiplient, sans la moindre explication scientifique. Les patients sont enfermés dans des institutions ressemblant à des prisons, comme Lana, épouse du très amoureux François et mère d’Émile, en pleine crise d’adolescence, qui devra affronter une semblable métamorphose. Thomas Cailley propose un mélange des genres homogène dans un univers vraisemblable, le « quelle époque » de la scène d’ouverture résumant que l’adaptation au plus bizarre – comme l’a prouvé le confinement, finalement – peut se faire très rapidement. La France dépeinte ici ressemble plus à celle d’aujourd’hui qu’à un hypothétique futur postapocalyptique, avec cette réflexion actuelle indispensable sur le rapport de l’homme à la nature. Même si ces transformations inquiètent, Thomas Cailley fait le constat d’une société en évolution avec un fatalisme positif. L’effroi n’est pas absent mais naît de ceux qui affichent leur haine de l’autre (suivez mon regard), leur peur panique de ces « bestioles » les poussant à devenir des monstres plus inquiétants, un constat qui l’inscrit dans les pas de George Romero, David Cronenberg ou Julia Ducuornau. 

Pascal Le Duff

Film français de Thomas Cailley (2023), avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos. 2h10. 




Back to Top ↑