Critique

Publié le 11 octobre, 2023 | par @avscci

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Le Ravissement d’Iris Kaltenbäck

Sage-femme discrète et dévouée, Lydia vit en quelque sorte par procuration. Alors que son quotidien consiste à mettre des bébés au monde, la solitude commence à lui peser. Le fait que sa meilleure amie devienne maman et qu’elle prenne elle-même un nouveau départ sentimental avec un chauffeur de bus devrait être de nature à la rassurer. Mais elle largue les amarres de la réalité et commence à s’enfermer dans des mensonges qui menacent son équilibre et sa raison. Jusqu’à un point de non-retour… Pour son premier long métrage, couronné du Prix SACD à la Semaine de la critique, Iris Kaltenbäck a choisi de se concentrer sur une jeune femme en proie à des conventions sociales qui l’écrasent et lui font perdre pied peu à peu avec la réalité. Un rôle écrasant qui joue sur une constante retenue et dont Hafsia Herzi est l’éblouissante interprète, sur un registre qui évoque celui d’Isabelle Huppert dans La Dentellière (1977) de Claude Goretta. La mise en scène souligne avec une infinie délicatesse la façon dont ce personnage discret jusqu’à la transparence se détache peu à peu du monde qui l’entoure pour rêver sa vie, quitte à se convaincre qu’elle évolue dans un univers alternatif où elle puise ce qui lui plaît parmi son entourage. Sous le mélodrame apparent se cache une chronique de la folie ordinaire où rien n’est jamais pesant. C’est parce qu’elle endure des désillusions et des déconvenues que cette jeune femme décide de donner quelques coups de pouce à son destin afin de le conformer à ses désirs, plutôt que de contribuer elle-même à son bonheur en affrontant les aléas du réel.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Iris Kaltenbäck (2023), avec Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse, Younès Boucif. 1h37. 




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