Critique

Publié le 4 décembre, 2023 | par @avscci

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Le Grand Magasin de Yoshimi Itazu

Engagée à l’essai comme apprentie à la conciergerie du grand magasin Hoyakkaku, Akino se trouve confrontée aux demandes parfois délirantes d’une clientèle composée des espèces animales les plus variées. Pour conserver son poste, elle va devoir faire assaut de dévouement et d’inventivité… Le réalisateur Yoshimi Itazu effectue des débuts fracassants avec ce premier long métrage d’animation tiré du roman graphique de Tsuchika Nishimura La Concierge du grand magasin. Une réussite d’une intense poésie qui révèle en ce quadragénaire un digne successeur du grand Hayao Miyazaki sur un registre délibérément anthropomorphiste où affleurent des valeurs humanistes et égalitaires. Non seulement le film s’adresse à un public très vaste, mais il développe simultanément plusieurs niveaux de lecture en parallèle. Face à une héroïne humaine (mais jamais trop humaine), il met en scène des animaux doués de raison et parfois aussi d’une bonne dose de déraison. Sur le plan esthétique, Le Grand Magasin relève de ce qu’on a coutume d’appeler la ligne claire : les formes y sont épurées et les couleurs pastel. Cette parabole transpose dans ce microcosme savoureux les vertus cardinales de la société japonaise tout entière avec une malice réjouissante et un ton volontiers pince-sans-rire. L’humour du film naît du contraste savoureux qu’il établit entre le dévouement des employés chargés de vendre du rêve et des visiteurs qui n’ont pas toujours l’habitude de se côtoyer dans un monde jamais vraiment à la bonne échelle. Une réflexion sur la normalité qui va de pair avec une ode vibrante à la tolérance.

J.-P. G.

Hokkyoku Hyakkaten no Concierge-san Film d’animation japonais de Yoshimi Itazu (2023), avec les voix de Natsumi Kawaida, Takeo Otsuka, Nobuo Tobita 1h10.




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