Critique

Publié le 19 décembre, 2023 | par @avscci

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Le fille de son père d’Erwan Le Duc

C’est peu dire que l’on se réjouit de retrouver Erwan Le Duc, réalisateur du formidable Perdrix et de la mini-série Sous contrôle, et avant cela de courts métrages remarqués (à l’image du Soldat vierge) qui donnaient déjà le ton d’une voix singulière et unique dans le paysage français. Son deuxième long métrage met en scène un père ayant élevé seul sa fille après le départ de sa compagne. La jeune fille s’apprêtant à quitter le nid familial pour aller vivre sa vie d’étudiante, un trop plein d’émotions submerge le personnage, qui a la sensation que tout lui échappe. Ce qui est formidable dans le cinéma d’Erwan Le Duc, c’est sa manière d’accorder autant d’importance aux intrigues secondaires qu’au fil principal, aux chemins de traverse qu’aux routes balisées. Ainsi, alors que le récit semble se dérouler presque classiquement, tout autour vibre, hésite, dérape, et propose de merveilleux moments de fantaisie, ou au contraire de mélancolie. Une énergie du désordre qui tient à la générosité du cinéaste, qui cherche tout à la fois à raconter le lien indéfectible entre un père et sa fille, la jeunesse idéaliste du XXIe siècle, le monde qui part à vau-l’eau, l’abjection du capitalisme, la fulgurance des sentiments, ou encore l’importance du football “comme acte de vie”. De cette écriture presque heurtée, qui ne va certainement pas là où on l’attend, il construit à chaque nouveau film un monde à part entière, vaste et foisonnant, dans lequel il est impossible de ne rien trouver qui nous parle, nous interpelle, nous saisit, voire nous bouleverse.

Marie-Pauline Molaret

Film français d’Erwan Le Duc (2023) avec Nahuel Pérez Biscayart, Céleste Brunnquell, Maud Wyler, Camille Rutherford. 1h31.




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