Critique

Publié le 11 octobre, 2023 | par @avscci

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Le Consentement de Vanessa Filho

Au départ il y a un récit choc de Vanessa Springora relatant sa relation avec l’écrivain quinquagénaire Gabriel Matzneff et l’emprise de celui-ci sur l’adolescente romantique et mal dans sa peau qu’elle était. Une confession douloureuse d’une puissance dévastatrice que l’auteure ponctuait de ses réflexions d’adulte, en posant la question cruciale du consentement qui n’avait jamais été mise à ce point en évidence dans un livre devenu un authentique phénomène de société. Le film qu’en tire aujourd’hui Vanessa Filho se concentre par nécessité sur la fin de l’innocence de cette lycéenne éprise de littérature au contact d’un prédateur sexuel qui lui déconseille de lire ses ouvrages les plus licencieux, sous prétexte qu’ils pourraient la choquer. La réussite de cette adaptation à haut risque réside avant tout dans son casting. Sans doute glosera-t-on sur la composition spectaculaire et terrifiante de Jean-Paul Rouve en écrivain imbu de lui-même qui abuse de ses proies en les étourdissant de sa vanité et justifie sa pédophilie bisexuelle par des discours oiseux sur la beauté de l’innocence. Face à lui, Kim Higelin impose une grâce naturelle qui joue autant sur le mal-être de son personnage que sur les stigmates de l’âge ingrat, sans jamais jouer les petites femmes fatales. C’est parce qu’elle navigue entre une mère qui enchaîne les dîners mondains et des camarades envers lesquels elle n’a que peu d’affinités qu’elle est vulnérable. Avec ce codicille qui voit la jeune fille devenue femme (Élodie Bouchez) exorciser sur le papier cette aventure de jeunesse qui l’a meurtrie à jamais.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge de Vanessa Filho (2023), avec Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta, Élodie Bouchez. 1h56. 




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