Critique

Publié le 16 avril, 2024 | par @avscci

0

Laroy de Shane Atkinson

LaRoy, Texas, c’est Ploucville. Un trou paumé où il ne se passe jamais rien. Alors quand débarque un tueur à gages à l’air triste, le patelin est en émoi. Parce qu’il a un contrat à exécuter et qu’il a l’air déterminé. De ce point de départ saugrenu mais propice à tous les délires, Shane Atkinson tire une comédie pince-sans-rire qu’on peut aussi regarder comme le tableau de mœurs au vitriol d’une Amérique profonde en miniature. Sur un script nébuleux comme un roman de la Série Noire où pullulent les personnages secondaires, Laroy distille un humour à froid qui évoque celui des frères Coen dans Fargo, mais sans la neige. Une telle partition exige des interprètes à la hauteur et ils sont bel et bien là, à l’instar des amis campés par John Magano et Steve Zahn, et de ce tueur aux yeux cernés qu’incarne Dylan Baker. Derrière la comédie policière, affleure l’état des lieux saisissant d’une terre immuable peuplée de personnages fantasques. Une impression entérinée par la razzia qu’a effectué LaRoy au dernier festival du cinéma américain de Deauville, en raflant le grand prix, le prix de la critique et celui du public. Une moisson qui rend justice au caractère universel de ce film dépourvu de compromissions mais enrichi d’un métissage artistique dont l’un des éléments les plus remarquables est la bande originale inventive composée par Delphine Malaussena, Rim Laurens et Clément Peiffer. Il émane décidément de LaRoy une singularité hors du commun qui se traduit aussi par un souci constant d’éviter la tentation de la complaisance à l’usage exclusif des cinéphiles purs et durs.

Jean-Philippe Guerand

LaRoy, Texas. Film américain de Shane Atkinson (2022), avec John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker, Galadriel Stineman, Matthew del Negro. 1h52.




Back to Top ↑