Critique

Publié le 25 septembre, 2023 | par @avscci

0

L’Arbre aux papillons d’or de Pham Thiên Ân

Couronné de la prestigieuse Caméra d’or à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes, L’Arbre aux papillons d’or affiche des partis pris d’autant plus forts qu’ils ont tendance à se raréfier. À commencer par une durée qui approche les trois heures. Un parti pris d’autant plus audacieux qu’il ne s’agit pas d’une fresque, mais plutôt d’un road movie introspectif qui touche au comble de l’intime. Un homme dont la belle-sœur a péri dans un accident de moto ramène la dépouille de la disparue dans son village natal, en compagnie de son neveu de cinq ans sorti miraculeusement indemne de cette tragédie. Un périple qui atteint au surnaturel lorsqu’il met à profit ce retour aux sources pour partir à la recherche de son frère aîné disparu depuis des années. D’une situation quasiment anecdotique, Pham Thiên Ân tire une quête mystique qui confère à ses paysages somptueux une aura d’éternité. Ce film ambitieux déroule son fil narratif à son rythme et montre combien le peuple vietnamien fait corps avec sa terre et comment il vit en bonne intelligence avec ses aïeux à travers sa foi. Le personnage principal de L’Arbre aux papillons d’or se livre simultanément à une authentique épreuve initiatique qui l’incite à réviser sa hiérarchie personnelle de valeurs en convoquant des croyances ancestrales qui ont l’insigne mérite de soulager la douleur par leur propension à distiller de l’espoir. Avec ce film d’une beauté terrassante, Pham Thiên Ân pose les premiers jalons d’une œuvre qui pourrait révéler en lui un émule asiatique de Tarkovski ou d’Angelopoulos inspiré par la beauté du monde.

Jean-Philippe Guerand

Bên trong v kén vàng. Film vietnamo-franco-hispano-singapourien de Pham Thiên Ân (2023), avec Le Phong Vu, Nguyen Thi Truc Quynh, Nguyen Thinh. 2h58.




Back to Top ↑