Critique Lamb de Valdimar Johannsson

Publié le 3 janvier, 2022 | par @avscci

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Lamb de Valdimar Johannsson

Les premières minutes de Lamb plantent à la fois le décor (une ferme isolée dans la campagne islandaise) et l’atmosphère, pleine d’une étrangeté difficile à définir. Les gestes banals du quotidien ne parviennent pas à dissimuler un pesant sentiment d’attente, mêlé à celui d’une menace invisible. Très elliptique, construit dans une succession de scènes courtes et presque sans dialogues, la première partie du récit ne dévoile que par bribes ce qui est en train de se jouer, et dont le réalisateur Valdimar Johannsson assume toute la dualité : un événement qui oscille entre miracle et malédiction, émotion et ridicule, tragédie et farce. Il tient cette ligne jusqu’au bout, en ménageant soigneusement les ruptures de ton comme le trouble du spectateur. On est face à un film d’horreur domestique et feutré qui avance sans cesse masqué, plongeant le spectateur dans la même torpeur que l’héroïne, persuadée que tout se passera bien. Cette ambivalence envahit tout, des personnages aux enjeux-mêmes de l’intrigue. Ainsi, les grands thèmes à l’œuvre (le deuil, le couple, la foi) ne viennent jamais parasiter sa dimension purement fantastique. Même le décor, majestueux mais jamais magnifié, est tour à tour filmé comme un cocon protecteur et comme un élément dominateur et anxiogène. Sans surprise, Lamb se garde bien de répondre aux questions qu’il pose, préférant cultiver cet entre-deux opaque qui en fait d’ailleurs tout le sel.

Marie-Pauline Mollaret

Film islandais de Valdimar Johannsson (2021), avec Noomi Rapace, Björn Hlynur Haraldsson, Hilmir Snær Gudnason… 1h46




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