Critique

Publié le 1 décembre, 2023 | par @avscci

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La Tresse de Laetitia Colombani

Curieuse trajectoire que celle de Laetitia Colombani qui a réalisé deux longs métrages, À la folie… pas du tout (2002) et Mes stars et moi (2008), avant de remporter un succès considérable avec son premier livre, La Tresse (Grasset, 2017), qui s’attache à trois femmes dont les destins vont se lier malgré elles : une Indienne de la caste des intouchables qui se bat pour que sa fille étudie et échappe à sa condition maudite, l’héritière d’un perruquier sicilien confrontée à ses responsabilités et une avocate canadienne qui a tout sacrifié à sa carrière et à son ambition. Un récit qui est arrivé à point nommé pour valider les avancées revendiquées par le mouvement #MeToo et a trouvé un écho universel (cinq millions d’exemplaires vendus) sur lequel le film a tout misé. La romancière a conçu son troisième long métrage comme réalisatrice en gardant à l’esprit l’accord tacite qui la liait à ses lecteurs : ne pas les trahir. Au fil de ces destinées a priori étrangères les unes aux autres, Laetitia Colombani inscrit leurs problématiques récurrentes dans le quotidien le plus prosaïque qui soit, face au machisme, au patriarcat dominant et à la misogynie les plus institutionnalisés qui se perpétuent depuis la nuit des temps. Seul bémol : la musique envahissante sinon invasive de Ludovico Einaudi qui a une fâcheuse tendance à submerger parfois un propos fort et nécessaire qui n’avait besoin d’aucun artifice. À trop chercher à plaire et à séduire, ce film populaire prend ainsi le risque de contredire un parti pris de mise en scène qui joue pourtant sur une retenue propice à l’émotion.

J.-P. G.

Film franco-italo-canado-belge de Laetitia Colombani (2023), avec Kim Raver, Fotini Peluso, Mia Melzer, Sajda Pathan 1h59.




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