Critique La Terre des hommes de Nael Marandin

Publié le 28 août, 2021 | par @avscci

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La Terre des hommes de Nael Marandin

Pour son deuxième long métrage, ayant récolté le label Semaine de la critique 2020, Nael Marandin s’attaque de front à deux sujets fort à propos : le monde paysan et le harcèlement sexuel. Soit un jeune couple de paysans ambitieux, et un homme puissant dans ce milieu, indispensable à leur réussite, et qui croit voir un consentement autorisé par son pouvoir, là où il y a un refus hébété. Sur ce schéma, le cinéaste peut jouer sur deux tableaux se révélant tout à fait complémentaire. Il livre une vue en coupe du monde paysan qui, contrairement à Louloute par exemple, englobe ses jeux politiques liés aux subventions, proposant une vision large de son quotidien ainsi que de sa bureaucratie toute-puissante. L’angle du pouvoir permet de poser l’autre grand sujet du film, à travers cette agression qui, pour l’homme, n’en est pas une. Marandin réussit ici un exploit assez remarquable : il fait corps, dans son récit, sa mise en scène, avec son héroïne, tout en parvenant à capter l’ambiguïté d’un agresseur perdu qui se voit, avec sans doute sincérité,  en mari volage, en séducteur, mais pas en violeur, ce qu’il est pourtant clairement. La réalisation, aidé par les comédiens, trouve ainsi une distance parfaite, entre clarté morale et opacité humaine. L’auteur gagne sur tous les tableaux en mêlant sa mosaïque précise du pouvoir dans le monde paysan, avec les conséquences toxiques et masculinistes de ce pouvoir.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Nael Marandin (2020), avec Diane Rouxel, Finnegan Odfield, Jalil Lespert. 1h36.




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