Critique

Publié le 15 mars, 2024 | par @avscci

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La Salle des profs d’Ilker Çatak

L’éducation et la santé constituent en France les deux piliers les plus menacés de la république. À en croire le quatrième long métrage d’Ilker Çatak, la situation n’est guère plus enviable en Allemagne. Son scénario s’attache aux conséquences d’un événement a priori anodin auquel tout le monde n’accorde pas la même attention. Une série de vols suscite la suspicion d’une enseignante qui déclenche malgré elle une réaction en chaîne. Au risque d’emporter dans cette tourmente à la fois ses collègues, le personnel administratif, les élèves et même leurs parents. Un engrenage infernal qui pointe une à une les multiples faiblesses d’un univers replié sur lui-même dont les responsables s’efforcent tant bien que mal de colmater les brèches béantes. L’établissement scolaire est mis en scène ici comme un microcosme de la société où s’expriment les mêmes tensions et des sentiments identiques. Avec comme épicentre une classe de cinquième qui constitue en soi une société en miniature qui ne va faire que se crisper autour de ses habitudes et de ses pratiques. La salle des profs ne professe aucune vision angélique et ne préconise pas la moindre solution fumeuse pour modifier une situation figée où la moindre initiative est perçue comme une agression. Certains auraient choisi le parti d’en rire. Ilker Çatak pousse le postulat jusqu’à l’absurde. Au point de réduire longtemps les élèves à la portion congrue au profit de l’enseignante magnifiquement campée par Leonie Benesch, avant de les propulser sur le devant de la scène au moment le plus opportun. Le constat est amer, mais le film percutant.

Jean-Philippe Guerand

Das Lehrerzimmer. Film allemand d’Ilker Çatak (2023), avec Leonie Benesch, Michael Klammer, Rafael Stachowiak. 1h39.




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