Critique

Publié le 19 janvier, 2022 | par @avscci

0

La Place d’une autre d’Aurélia Georges

Pendant la Première Guerre mondiale, Nélie, une infirmière auxiliaire d’origine modeste sympathise avec une jeune femme en route pour rencontrer la famille de l’homme qu’elle devait épouser et qui a péri sur le front. Une bombe ayant laissé la promise pour morte, Nélie s’approprie l’identité de la défunte afin d’échappe à sa condition et s’assurer un avenir meilleur. Sur place, elle découvre une veuve fortunée dont elle devient la lectrice et la confidente… De ce sujet mélodramatique inspiré d’un roman paru en 1874, La Morte vivante de Wilkie Collins, un ami de Charles Dickens, Aurélia Georges et sa coscénariste Maud Ameline ont tiré un film qui assume pleinement son lyrisme et doit une bonne part de sa réussite à son interprétation. Face à Lyna Khoudri qui s’impose film après film comme la grande actrice de sa génération, Sabine Azéma retrouve avec bonheur cette époque qui lui avait déjà si joliment réussi dans Un dimanche à la campagne et La Vie et rien d’autre, de Bertrand Tavernier. La Place d’une autre s’inscrit dans la grande tradition de ces films hollywoodiens tournés par Frank Borzage ou John Stahl dans l’Entre-deux guerres qui assumaient de susciter l’émotion en actionnant des mécanismes dramatiques aussi éprouvés qu’une usurpation d’identité. Aurélia Georges s’appuie pour cela sur des personnages féminins solidement campés et sur un scénario romanesque en diable. C’est d’ailleurs parce que la réalisatrice assume les conventions du mélodrame qu’elle réussit un film aussi intègre qu’élégant qui ne triche jamais avec les grands sentiments et distille un plaisir comme interdit.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Aurélia Georges (2021), avec Lyna Khoudri, Sabine Azéma, Maud Wyler, Laurent Poitrenaux 1h52.




Back to Top ↑