Critique

Publié le 4 janvier, 2023 | par @avscci

0

La Passagère d’Héloïse Pelloquet

Ce premier long métrage de la réalisatrice Héloïse Pelloquet, révélée par ses courts sensibles et naturalistes, déjà tournés dans l’île de Noirmoutier (L’Age des sirènes, Côté cœur), propose une variation moderne et intimiste autour d’une histoire d’adultère et de passion. Une intrigue relativement classique, pour ne pas dire banale, qu’elle transcende par la manière dont elle l’ancre dans un territoire (une petite île isolée et austère, avec ses propres codes) et dans un milieu professionnel spécifique, celui des marins pêcheurs, dont elle filme avec attention les gestes précis, physiques et répétitifs. Elle s’attache aussi à légèrement décaler tous les attendus en choisissant une héroïne de 40 ans, heureuse dans son couple et absorbée par son travail, qui vit l’arrivée d’un jeune apprenti sur son bateau comme l’irruption dans sa vie d’un nouveau possible qu’elle n’avait pas vu venir – et non comme la réponse à un quelconque manque. En femme libre, et sûre de ses choix, elle va s’autoriser pleinement cette dose supplémentaire de bonheur, et de plaisir, dans une trajectoire moins balisée que ne le suggéraient les premières séquences. Pour parvenir à cet équilibre délicat dans la tonalité du film, la réalisatrice dispose de deux atouts de choix : la comédienne, Cécile de France, qui incarne le personnage principal avec une vitalité lumineuse, et des choix de mise en scène qui font la part belle aux gros plans et aux détails, sublimant la sensualité des amants, et alliant intelligemment le réalisme du contexte social et géographique aux effluves romanesques du récit amoureux.

Marie-Pauline Mollaret

Film français d’Héloïse Pelloquet (2022) avec Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon, Imane Laurence. 1h33




Back to Top ↑