Critique

Publié le 5 septembre, 2022 | par @avscci

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La Page blanche de Murielle Magellan

Une jeune femme en proie à une amnésie aussi soudaine qu’inexplicable se retrouve contrainte de ramasser un à un les morceaux épars de son existence, en se fiant à son intime conviction et à un entourage dont rien ne lui garantit qu’il soit bien le sien. De cette idée traitée en bande dessinée par Boulet et Pénélope Bagieu, Murielle Magellan tire un premier film de cinéma aussi modeste qu’attachant. Déjà à l’origine de la série à succès Les Petits Meurtres d’Agatha Christie, elle offre un rôle particulièrement riche à Sara Giraudeau qui passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel en essayant de se retrouver à travers les autres. Tout l’intérêt de cette comédie existentielle repose sur le décalage qui s’instaure entre une situation tragique et le parti inattendu qu’en tire sa victime quand elle découvre les possibilités inattendues que lui offrent ce nouveau départ, sur le thème “on efface tout et on recommence”. L’amnésie est un thème cher au film noir où elle a inspiré maintes variations dramatiques, de La Maison du docteur Edwardes (1945) d’Alfred Hitchcock à Memento (2000) de Christopher Nolan. Le jeu de pistes que nous propose Murielle Magellan s’impose par sa fantaisie et sa légèreté. Sara Giraudeau ne subit pas cet impondérable comme une malédiction, mais plutôt comme une chance inespérée de repartir vers un autre avenir, sans doute plus conforme à ses vœux. La singularité de La Page blanche consiste à envisager la perte de mémoire comme une opportunité de donner un coup de pouce au destin en élargissant le champ des possibles avec autant de charme que d’humour.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Murielle Magellan (2022), avec Sara Giraudeau, Pierre Deladonchamps, Grégoire Ludig, Sarah Suco 1h40.  




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