Critique

Publié le 14 mai, 2024 | par @avscci

0

La Morsure de Romain de Saint-Blanquat

Au cours du mercredi des Cendres de 1967, deux lycéennes s’échappent de leur pensionnat religieux pour profiter de cette nuit comme si elle devait être la dernière. Au fil de leurs rencontres, elles vont vivre une expérience aussi étrange qu’intense avec pour objectif ultime un manoir isolé où se déroule une fête plutôt décadente… De ce postulat assez rudimentaire, Romain de Saint-Blanquat tire un film qui met un soin maniaque à capter l’état d’esprit d’une province française où la jeunesse ronge son frein. La singularité de cette étude de mœurs est de trancher à peu près autant avec le cinéma de l’époque qu’avec celui d’aujourd’hui. D’emblée, on est saisi par le soin minutieux apporté à reconstituer cette époque charnière associée à la libération des mœurs. La morsure revendique son statut de film de genre en lorgnant ostensiblement du côté du cinéma gothique britannique à travers deux personnages masculins auréolés de mystère et ces deux jeunes vierges au teint diaphane comme on en croise fréquemment dans les films de vampires de la Hammer, mais aussi dans certains gialli italiens auxquels la bande originale se réfère. Avec à la clé cette nuit fantastique qui va transformer en urgence vitale la nécessité d’effectuer l’apprentissage de l’amour. Le premier long métrage de Romain de Saint-Blanquat fascine par le soin méthodique qu’il consacre à reconstituer une période vintage. Avec aussi une référence plus souterraine mais évidente à un film sulfureux devenu culte, Mais ne nous délivrez pas du mal (1971) de Joël Séria, avec lequel il cultive bon nombre d’analogies.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Romain de Saint-Blanquat (2023), avec Léonie Dahan-Lamort, Lilith Grasmug, Fred Blin, Cyril Metzger 1h27.




Back to Top ↑