Critique

Publié le 7 février, 2023 | par @avscci

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La Montagne de Thomas Salvador

On attendait impatiemment le deuxième long métrage de Thomas Salvador, après Vincent n’a pas d’écailles, en 2015, où l’acteur-réalisateur proposait un personnage burlesque, mélancolique, d’une force comique tout en douceur, avec des moyens artisanaux (il évoquait lui-même Méliès) et un budget minuscule. C’était un vrai film de super-héros, captivant, émouvant, sans jamais une faute de rythme ou de goût. On n’avait jamais osé mélanger à l’écran Batman et Cadet d’eau douce. Sept ans après, Thomas Salvador revient, à la mise en scène et comme acteur protagoniste. Un ingénieur parisien arrive dans les Alpes, s’installe au milieu de nulle part et ne veut plus quitter ce bivouac précaire. L’absurdité apparente de son geste lui ouvre un chemin imprévu vers la vérité, malgré toutes les remontrances des personnes raisonnables. Plus de super-héros, mais une lente avancée vers un cinéma fantastique qui n’apparaît vraiment qu’assez tard dans le film, avec les mêmes moyens élémentaires et poétiques qui nous avaient fait aimer le film de 2015. La diffraction de la lumière, les techniques discrètes du marionnettiste, les effets spéciaux « naturels » comme dit Salvador, donnent un charme particulier à son cinéma, si proche dans les deux films d’une nature magique, énigmatique. L’histoire d’amour inhabituelle que vit le personnage principal avec une femme apparemment moins rêveuse que lui épaissit le mystère du film. C’est Louise Bourgoin qui incarne ici l’amoureuse possible face au poète perché. 

René Marx

Film français de Thomas Salvador (2022), avec Louise Bourgoin, Thomas Salvador. 1h52.




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