Critique La forêt de mon père de Vero Cratzborn

Publié le 16 juillet, 2020 | par @avscci

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La Forêt de mon père de Vero Cratzborn

Ce premier long métrage nous plonge au cœur d’une tribu familiale dont on pense dans un premier temps qu’elle croise au large des comportements communément admis, ce qui nous la rend évidemment sympathique tant la marginalité se confond volontiers avec liberté. Mais peu à peu le malaise s’insinue, alors que nous commençons à comprendre que le père, qu’incarne un Alban Lenoir mieux que convaincant, a visiblement grillé quelques fusibles. Il se retrouve ainsi interné en hôpital psychiatrique, d’où sa fille adolescente entreprend de l’extirper. Ce n’est pas tant le basculement progressif du personnage dans la folie qui nous passionne, mais plutôt le regard que la jeune fille porte sur son père. D’abord parce que celle qui lui prête ses traits, Léonie Souchaud, possède une intensité peu commune qui paraît la promettre à un avenir radieux sur les écrans. Ensuite parce que ce que les adultes sont capables de transmettre à leurs enfants n’est pas souvent abordé au cinéma, alors que c’est un sujet passionnant autant que sensible. La responsabilité de la paternité est grande, qui n’autorise pas d’explorer des chemins trop socialement buissonniers … Le mélange d’amour irrépressible et de volonté de protection que l’ado voue à son père est en permanence sur le fil, un fil prêt à craquer. Auquel nous prêtons une attention sans faille, qui apporte au film comme un parfum de suspense. Bien sûr, cette Forêt de mon père comporte quelques clairières narratives, le récit perdant parfois de son mordant. Mais l’essentiel demeure, et si le film n’est pas toujours à la hauteur de l’intention initiale, il n’est pas trop imprudent de prédire un bel avenir à sa signataire.

Yves Alion

Film français de Vero Cratzborn (2020), avec Léonie Souchaud, Ludivine Sagnier, Alban Lenoir. 1h31.




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