Critique La fièvre de Petrov

Publié le 4 décembre, 2021 | par @avscci

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La Fièvre de Petrov de Kirill Serebrennikov

Adapté du roman Les Petrov, la grippe, etc. d’Alexeï Salnikov, le nouveau film de Kirill Serebrennikov (Le Disciple, Leto) est une fresque étourdissante et hallucinée qui donne l’impression au spectateur que la fièvre du personnage principal est communicative. On y suit en effet Petrov, frappé par la grippe, dans une déambulation nocturne et arrosée qui commence avec un voyage en trolley, puis se poursuit dans un corbillard, nous emmène chez son ex-femme, propose plusieurs flashbacks, et finit par rendre impossible toute distinction entre hallucination, rêve et réalité. Cette plongée dense et effrénée dans une société russe gangrenée par la colère, la misère et le manque d’espoir brosse un portrait effrayant d’un pays dans lequel la violence physique, réelle ou fantasmée, se fait à tout moment l’écho d’une violence sociale omniprésente. Tout est outré et ironique, des dialogues à l’utilisation de la musique, en passant par une mise en scène qui multiplie les plans-séquence virtuoses et les effets visuels flamboyants, comme pour saturer l’image de couleurs et de plans qui renforcent la sensation d’oppression et de claustrophobie. La Fièvre de Petrov s’apparente en effet à un cauchemar éveillé, dont le chaos apparent participe à la dimension épique. On ne sait pas toujours ce que raconte le film, ni même ce que l’on est en train de regarder, sans que cela empêche de reconnaître la force impérieuse et la fulgurance d’une expérience sensorielle et cinématographique comme le cinéma contemporain n’en offre pas assez.

Marie-Pauline Mollaret

Petrovy v grippe. Film russe de Kirill Serebrennikov (2021), avec Semyon Serzin, Chulpan Khamatova,Yuriy Borisov, Yulia Peresild. 2h26




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