Critique

Publié le 31 octobre, 2022 | par @avscci

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La Conspiration du Caire de Tarik Saleh

Après une incursion hollywoodienne guère concluante, Tarik Saleh revient à ses premiers amours, ceux qui l’on fait percer avec Le Caire confidentiel, soit un thriller politique à l’ancienne, mêlant à égale portion critique sociale et tension bien orchestrée. Le prétexte narratif est implacable, et attire forcément la curiosité : un jeune homme brillant quitte son petit village pour se retrouver dans la plus grande école coranique du Caire, pile lors de la mort du grand imam. Il va donc se retrouver exactement au cœur de luttes de pouvoirs impitoyables et aux forts enjeux. Il y a un fond suranné chez ce cinéaste, derrière sa modernité thématique affichée. Il réactive en effet une vieille tradition, le polar engagé, où une intrigue policière tendue permet de traverser de fond en comble des lieux et des situations idéologiquement chargés. Et, bien entendu, un jeu du chat et de la souris au cœur d’une grande mosquée sunnite, change des décors habituels et séduit du coup instinctivement.  Comme prévu, la mécanique narrative est parfaitement rodée, menée. Les forces et les limites sont là. Le scénario prend toujours le dessus, et Saleh ne pose jamais, que ce soit dans l’espace visité ou le rapport des protagonistes au lieu, un regard de cinéaste. C’est peut-être mieux, car quelques instants particulièrement lourds dans la réalisation laissent penser que, effectivement, l’auteur est avant tout un conteur, un scénariste, et non un metteur en scène. Il est donc grand temps de lui confier une série.

Pierre-Simon Gutman

Walad min Al Janna. Film suédois de Tarik Saleh (2022), avec Tawfeek Barhom, Farid Fares, Mehdi Dehbi. 2h.  




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