Critique Jours d'amour de Giuseppe de Santis

Publié le 1 octobre, 2020 | par @avscci

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Jours d’amour de Giuseppe De Santis

En général on ne connaît en France de Giuseppe De Santis (1917-1997) que Riz amer (1949). Et de ce film, passionnant, il ne reste souvent que le souvenir stupéfiant de la beauté de Silvana Mangano dans les rizières du Nord de l’Italie. Intellectuel accompli, théoricien d’une grande finesse qui contribua à la naissance du néoréalisme, militant communiste, cinéaste à la carrière interrompue par de longs silences, De Santis serait vraiment à redécouvrir par les Français. Jours d’amour, film peu connu de 1954, sort en salle dans une version restaurée. Marcello Mastroianni, à peine trentenaire, et Marina Vlady, presque seize ans, y interprètent deux paysans aux fiançailles interminables, n’en pouvant plus d’attendre la célébration de leurs noces. Les questions d’argent, le qu’en-dira-t-on (fléau des mondes clos), tout y fait obstacle. Une solution typiquement méditerranéenne sera trouvée : le faux enlèvement, organisé par les familles enfin accordées. Une nuit ensemble hors de la maison paternelle et le mariage devient obligatoire. Le ton est celui de la comédie, le lieu se situe entre Rome et Naples, là où De Santis est né. Le cinéaste a du mal à faire la part du pittoresque et du réalisme, de la critique sociale et de la chronique sentimentale souvent un peu mièvre. Il est plus rigoureux et plus convaincant dans Pâques sanglantes ou Onze heures sonnaient. Mais Jours d’amour tire d’abord sa force de la beauté de ses deux protagonistes. En les filmant, comme il filma Silvana Mangano, Vittorio Gassman, Raf Vallone, Lucia Bosè, Silvana Pampanini, De Santis semble échapper à ses ambitions de théoriciens d’un cinéma politique et réaliste et se laisse emporter par un regard quasi fétichiste et chaque fois fascinant sur le physique de ses actrices et acteurs. Impression renforcée ici par l’utilisation saisissante d’un procédé alors récent, le Ferraniacolor, apparu deux ans plus tôt avec le premier film de fiction italien en couleurs, le très beau Totò a colori de Steno. Très différent du Technicolor américain, ce procédé, magnifiquement utilisé par De Santis, fait oublier ici les faiblesses de son scénario.

René Marx

Giorni d’amore. Film italien de Giuseppe De Santis (1954), avec Marcello Mastroianni, Marina Vlady. 1h38.




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