Critique

Publié le 12 mai, 2024 | par @avscci

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Jeunesse mon amour de Léo Fontaine

Le temps d’une journée dans une maison de campagne, des anciens camarades de lycée se retrouvent pour constater que ce qui les divise est sans doute devenu plus important que ce qui les rapprochait. Un pur exercice de style dont Léo Fontaine se tire à son avantage en s’en tenant rigoureusement à ce dispositif qui a souvent démontré son efficacité et sert ici un genre à part entière du paysage cinématographique contemporain : le film d’apprentissage que les Anglo-Saxons qualifient aussi de “Coming of Age”. Le scénario respecte ses codes, en glissant peu à peu des considérations les plus anodines aux sujets qui fâchent et aux non-dits trop longtemps retenus. Avec une montée progressive de la tension jusqu’à l’embrasement. Le constat a beau être amer, le cœur de cette histoire est symbolisé par trois personnages : une fille qu’a aimé un garçon et qui vit désormais avec un autre. Rien que de plus banal, sinon que cette simple relation et les non-dits qui vont de pair contribuent pour une bonne part à plomber ces retrouvailles en déclenchant une variante du fameux jeu de la vérité qui consiste pour chacun des participants à se libérer de ce qu’il a sur le cœur. Léo Fontaine excelle dans le casting et la direction d’acteurs, sans jamais se gargariser de mots d’auteur. Ce portrait de groupe pétri d’illusions perdues et de grandes espérances a le mérite de réaliser un arrêt sur images convaincant de cette génération qui a particulièrement mal vécu la pandémie de Covid-19 et en a émergé avec une rage de vivre encore plus forte dont ce film propose un reflet saisissant.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Léo Fontaine (2023), avec Manon Bresch, Matthieu Lucci, Dimitri Decaux, Yves-Batek Mendy. 1h10.




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