Critique

Publié le 5 avril, 2023 | par @avscci

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Je verrai toujours vos visages de Jeanne Henry

Un premier film piquant, sur la notoriété et ses contraintes, Elle l’adore, montrait que Jeanne Herry avait du talent. Ce qu’elle a confirmé avec Pupille, dans un esprit pourtant différent. Pupille avait pour sujet l’accouchement sous X, l’adoption et l’accompagnement des nourrissons vers leurs familles d’accueil. Un sujet peu visité, traité avec maestria, sans effets de manche mais avec une sensibilité qui nous faisait oublier que nous étions en présence d’un film de fiction. Je verrai toujours vos visages sort du même moule, mettant en lumière des travailleurs sociaux en relation avec ceux qui sont en demande d’un peu bienveillance. Mais l’univers visité est on ne peut plus différent, puisque c’est de justice restaurative qu’il est question ici. Un terme un brin barbare qui concerne ceux qui triment à mettre en présence des délinquants et ceux qui ont eu à subir leurs activités prédatrices. Le service est peu médiatisé, mais le film nous dévoile les arcanes de ce travail de fourmi qui a pour but de réparer ou de tenter de réparer les traumatismes des uns, tout en faisant comprendre aux autres que la délinquance ne mène nulle part. Avec bien sûr des résultats divers… Jeanne Herry aurait bien sûr pu en faire un documentaire (mais elle n’aurait pas pu filmer les séances de travail avec les intéressés, pas plus que l’on ne peut s’introduire dans le cabinet d’un psy), mais, comme dans Pupille, elle s’est régalée à susciter l’émotion de grands comédiens. Elle aurait pu filmer quelques scènes d’action, mais elle s’est employée à mettre avant tout la lumière sur les mots, sur les sentiments, sur leur cheminement. Et c’est magique.

Yves Alion

Film français de Jeanne Herry (2023), avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leila Bekhti, Élodie Bouchez. 1h58.




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