Introduction de Hong Sang-soo

Ours d’argent au festival de Berlin 2021 pour le meilleur scénario, le nouveau film du très prolifique Coréen est très beau et très mystérieux. Un garçon rêve de devenir acteur, sa copine s’exile à Berlin, il la rejoint sans l’avoir prévenue. Sur une durée particulièrement brève (il s’en fallait de peu qu’Introduction ne fût un court métrage), sur trois parties très différentes, Hong Sang-soo parvient à passionner son spectateur, à le perdre, à le faire douter souvent s’il assiste à un rêve ou à un récit réaliste. Les anciens conseillent les plus jeunes, cherchent à leur donner des directives. Ces anciens ont perdu peut-être eux-mêmes leurs derniers repères. On les soupçonne parfois de s’approcher du désespoir. Ce qui en met en perspective le portrait de leurs cadets. La neige en Corée, comme le garçon à Berlin, survient sans prévenir. Probablement sans avoir prévenu le metteur en scène lui-même qui profite de la divine surprise. Dans ce monde doux et pudique, tout à coup une colère éclate, une colère passionnée, enthousiaste, destinée à redresser les erreurs d’un jeune homme. Une colère inutile sans doute. La gêne, l’inquiétude, la délicatesse, l’opportunité, tout fait poésie dans ce film. Si Hong Sang-soo est en mesure de réaliser deux, parfois trois films par an, il est rare qu’il soit décevant. Ici, il est exceptionnellement inspiré, raffiné, surprenant. Enchanteur.

René Marx

Inteurodeoksyeon. Film coréen de Hong Sang-soo (2021), avec Shin Seokho, Park Miso, Kim Youngho, Ki Joobon, Kim Minhee. 1h06