Critique Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux

Publié le 13 juin, 2022 | par @avscci

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Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux

Quentin Dupieux a commencé à faire des films tout seul, avec une petite caméra vidéo, à quinze ans. À dix-huit ans, puisqu’il insistait, ses parents lui ont payé une caméra seize millimètres. Trente ans et une dizaine de longs-métrages plus tard, Dupieux continue en fait à faire des films tout seul. Il cadre, il monte, explique qu’il ne voit pas comment on peut se prétendre metteur en scène sans être au plus près des comédiens, sans couper et coller soi-même les images qui finiront par faire un film. Il affirme n’être pas cinéphile, affiche une absence réelle d’érudition, ne se reconnaît pas de maîtres, même si Buñuel l’intéresse, comme Paul Thomas Anderson ou les frères Coen. Surtout, il veut toujours proposer des films absolument nouveaux, imprévisibles. C’est, pour les meilleurs (Rubber, Mandibules), ce qui fait de lui un cinéaste important, l’un des rares vrais auteurs de comédie en France. Incroyable mais vrai (présenté à Berlin en février 2022) respecte ses promesses pendant presque toutes ses soixante-quatorze minutes. L’histoire qu’on nous raconte est effectivement extraordinaire, on rit comme rarement aujourd’hui au cinéma, les comédiens disent sur le fil les dialogues acérés d’un cinéaste beaucoup plus rigoureux qu’on ne le croirait. C’est vers la fin qu’on a un peu envie de faire la fine bouche, car contrairement aux intentions affichées, l’esprit de sérieux effleure le récit et on a l’impression désagréable que Dupieux veut nous prouver quelque chose, nous passer un autre message que la pure jubilation formelle qui nous le fait aimer. Cette réserve exprimée, un essai un peu bancal de Quentin Dupieux vaut toujours mieux qu’une énième variation moutonnière de certains cinéastes d’aujourd’hui. Fumer fait tousser (à Cannes en 2022) sera bientôt distribué en salle. Nous serons fidèles, au poste évidemment.

Film français de Quentin Dupieux (2022), avec Alain Chabat, Léa Drucker, Anaïs Demoustier, Benoit Magimel. 1h14




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