Critique

Publié le 13 mars, 2024 | par @avscci

0

Inch’allah, un fils d’Amjad Al Rasheed

De la Jordanie, on ne sait que fort peu de choses. D’où l’intérêt sociologique d’un film comme Inch’allah un fils qui pointe le poids du patriarcat à travers l’histoire d’une veuve et de sa fille unique confrontées à des lois où seuls les hommes peuvent contracter les héritages qui leur reviennent. Ce point de départ réel, le réalisateur Amjad Al Rasheed le pousse jusqu’à son terme en imaginant les efforts déployés par ses deux personnages féminins pour obtenir ce qui leur est dû. C’est dire à quel point cette chronique dépourvue d’effets de style rencontre notre époque et souligne combien la route sera longue qui mènera à l’émancipation des femmes arabes aux prises avec un système archaïque. L’habileté du scénario consiste à montrer que l’arme la plus efficace contre l’injustice reste encore l’imagination, même s’il est moins question ici de féminisme que de souligner ce fantasme qui consiste à voir dans un nouveau-né mâle une bénédiction… alors même que ce sont les femmes qui enfantent. Cette mère contrainte de se prendre en charge manifeste une détermination qui passe par des détails révélateurs, à l’instar de sa volonté d’apprendre à conduire pour être libre de ses mouvements. Doublement primé lors de la Semaine de la critique au Festival de Cannes, ce film impressionniste et dépouillé est le premier long métrage d’Amjad Al Rasheed, un homme de bonne volonté qui adopte un point de vue féminin pour représenter un carcan d’un autre âge à travers des situations de la vie quotidienne. Comme un cri d’espoir plus que de détresse qui rompt avec un silence trop longtemps contenu.

Jean-Philippe Guerand

Inshallah Walad. Film jordano-franco-saoudo-qataro-égyptien d’Amjad Al Rasheed (2023), avec Mouna Hawa, Seleena Rababah, Haitham Omari, Yumna Marwan. 1h53.




Back to Top ↑