Critique

Publié le 21 mars, 2023 | par @avscci

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Houria de Mounia Meddour

Dans l’Algérie d’aujourd’hui, pour exaucer son rêve de danseuse, Houria travaille en tant que femme de ménage le jour et s’adonne aux paris clandestins la nuit. Jusqu’au moment où elle est victime d’une agression sauvage qui la rend mutique. Dès lors, elle va consacrer tous ses efforts à se reconstruire en exorcisant cette tragédie parmi une communauté de femmes solidaires. Dans son premier long métrage, Papicha, Mounia Meddour exorcisait les ravages de la guerre civile algérienne “à chaud” sur une génération qui voulait encore croire à ses rêves. Houria prolonge cette réflexion en montrant comment les fauteurs de trouble continuent à sévir en toute impunité dans une société dont les plaies n’ont pas cicatrisé. C’est comme si, avec ce deuxième film, la réalisatrice se lâchait et mettait tout son amour du cinéma au service d’un propos délibérément abrasif qui contraste avec la grâce aérienne de la danse. Bilan amer d’un statu quo qui a transformé l’aigreur en rancœur, sous couvert de conclure par une illusoire “paix des braves” un bain de sang demeuré impuni. Houria est un film aux multiples niveaux de lecture qui prend pour égérie une jeune femme moderne dont le rêve vient se fracasser contre la raison d’état. Un rôle endossé à bras-le-corps (c’est vraiment le cas de le dire) par la superbe Lyna Khoudri, l’une des comédiennes les plus douées de sa génération, qui ne cesse de témoigner par ses choix d’une conscience politique aiguë et lui a valu le César du meilleur espoir féminin pour Papicha. Elle est indissociable du propos audacieux de ce film porté par la rédemption.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belgo-algérien de Mounia Meddour (2022), avec Lyna Khoudri, Hilda Amira Douaouda, Rachida Brakni, Nadia Kacir. 1h38. 




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