Critique

Publié le 18 mars, 2024 | par @avscci

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Heureux Gagnants de Maxime Govare et Romain Choay

On ne compte plus les films dont le scénario tourne autour d’un billet de loto, d’un ticket de tiercé ou d’un heureux tirage à une quelconque loterie. En s’attaquant à leur tour à ce thème propice à tous les fantasmes, les auteurs à succès des Crevettes pailletées ont choisi de montrer le revers de la médaille. Tout commence par une famille qui, sur la route des vacances, apprend qu’elle a coché les bons numéros. Encore faut-il faire valider à temps le ticket gagnant… Avec ce fil rouge selon lequel la fortune est de nature à changer n’importe quelle vie, mais aussi d’attiser les pulsions les plus inavouables, qu’il s’agisse de la conviction chancelante d’un terroriste islamiste, d’une femme à la recherche du prince charmant ou d’un groupe de collègues pas si solidaires que cela. Deux références viennent immédiatement à l’esprit en découvrant Heureux Gagnants : le film argentin de Damián Szifron Les Nouveaux Sauvages, lui-même se réclamant de certaines comédies italiennes de l’âge d’or qui ont poussé l’art du cinéma à sketches à son apogée. Maxime Govare et Romain Choay choisissent à dessein de se limiter à cinq variations autour d’un thème particulièrement propice au délire, l’ensemble se caractérisant par une férocité qui tranche avec le tout-venant de la comédie française. À l’image de ces “braves gens” confrontés à la déchéance ordinaire du grand âge qui entraînent notre affaire vers la pure comédie de meurtres. Heureux Gagnants varie les plaisirs interdits avec une saveur atypique et des interprètes inspirés dont une impayable Anouk Grinberg. Âmes sensibles s’abstenir !

Jean-Philippe Guerand

Film français de Maxime Govare et Romain Choay (2024), avec Audrey Lamy, Fabrice Éboué, Anouk Grinberg, Pauline Clément. 1h43.




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