Critique

Publié le 29 mai, 2024 | par @avscci

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Greenhouse de Lee Sol-hui

Aide-soignante auprès d’un couple de personnes âgées dont le mari est aveugle, Moon-jung se trouve confrontée à un événement qui va la contraindre à prendre une décision aux conséquences hautement imprévisibles pour ne pas tout perdre. Couronné de trois prix au prestigieux Festival de Busan, Greenhouse est le premier long métrage de la réalisatrice sud-coréenne Lee Sol-hui qui témoigne là d’une audace scénaristique peu commune. À partir d’un fait de société d’une actualité brûlante (la prise en charge des seniors dans un pays déchiré entre tradition et modernité), elle signe un film à suspense qui va crescendo au bout de son propos, quitte à s’aventurer sur un registre plutôt inattendu. Avec en son cœur un personnage de mère célibataire d’une rare perversité que sa détresse personnelle va conduire à commettre l’irréparable et à se retrouver elle-même piégée par le subterfuge diabolique qu’elle a imaginé. Cette mécanique de précision s’avère en outre indissociable de son personnage principal qu’incarne Kim Seo-hyeong au fil d’une prestation à haut risque où elle réussit la prouesse de passer du dévouement à la perversité absolue dans un emploi radical de mère courage que le désespoir fait dériver vers la folie. Difficile d’en révéler plus sur l’intrigue de ce film qui joue en permanence sur les ruptures de ton, tout en jonglant avec des stéréotypes comme le grand âge, la cécité ou la solitude. On guettera avec une attention particulière l’opus suivant de cette réalisatrice trentenaire qui révèle à travers cet exercice de style à haute tension une personnalité hors du commun.

Jean-Philippe Guerand

Binilhauseu. Film sud-coréen de Lee Sol-hui (2022), avec Kim Seo-hyeong, Yang Jae-sung, Ahn So-yo, Shin Yeon-sook 1h40.




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