Critique Goodbye Mr Wong de Simon Luang

Publié le 14 décembre, 2021 | par @avscci

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Goodbye Mr Wong de Kiyé Simon Luang

Pour son premier long métrage de fiction, Kiyé Simon Luang revient au Laos, son pays natal, et plus précisément autour d’un grand lac artificiel dont il fait à la fois le décor principal du récit, et son témoin discret. Les premières scènes nous mettent sur la piste d’une intrigue socio-économique : un millionnaire chinois, le fameux Mr Wong du titre, veut créer une flotte de bateaux touristiques sur les rives du lac. Mais son projet risquerait de ruiner la famille de France, une Laotienne dont il est amoureux. Le film bascule alors dans une tonalité beaucoup plus allégorique, à travers les destins croisés de la jeune femme, du marin dont elle est éprise et d’un Français venu retrouver sa femme dont il est séparé depuis un an.

A mi-chemin entre la fable ténue et la déambulation contemplative, Goodbye Mr Wong est le portrait sensible d’un lieu et d’une époque, dont il grave pour toujours les contours, les silhouettes et les intonations. Son rythme volontairement lent, sa narration parfois décousue et ses enjeux romantiques atemporels en font un film singulier qui raconte peu, préférant laisser le spectateur remplir les creux, et éprouver de l’intérieur les réalités abordées à demi-mot par le film : la beauté d’un lieu sur le point de disparaître, les dangers d’une domination capitaliste sur des modes de vie préservés, l’uniformisation galopante du monde. Mélancolie, nostalgie anticipée et minces bribes d’espoir se mêlent ainsi inextricablement, sans que l’on sache s’il s’agit d’un ultime chant du cygne, ou d’un premier acte de résistance.

Marie-Pauline Mollaret

Film franco-laotien de Kiyé Simon Luang (2020), avec Nini Vilivong, Marc Barbé, Soulasath Saul, Nathalie Richard. 1h40




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