Critique Gaza mon amour et de Tarzan et Arab Nasser

Publié le 3 octobre, 2021 | par @avscci

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Gaza, mon amour de Tarzan et Arab Nasser

Derrière leurs prénoms pittoresques qui semblent vouloir s’affirmer comme des pseudonymes délibérément naïfs en évoquant un mythe du cinéma et une identité ethnique, Tarzan et Arab Nasser, de leurs vrais noms Ahmad et Mohammed Abou Nasser, cultivent une conception engagée du cinéma. Sans être à proprement parler un film politique, Gaza mon amour confirme et améliore les promesses de leur opus précédent, Dégradé, sélectionné par la Semaine de la critique à Cannes en 2015, dans lequel jouait déjà Hiam Abbass. La découverte par un pêcheur sexagénaire d’une statue antique du dieu Apollon dans ses filets va provoquer une réaction en chaîne parmi son entourage, en interférant dans ses relations intimes avec la couturière dont il est amoureux et qu’il s’apprêtait à demander en mariage. En observant la communauté palestinienne par le petit bout de la lorgnette, les frères Nasser entendent s’adresser au public droit dans les yeux et revêtir les atours du conte oriental pour exprimer le déracinement de leur peuple. La comédie est réjouissante, son aspect sentimental plutôt touchant. Habilement écrit avec la complicité de la française Fadette Drouard, Gaza mon amour utilise toutes les ressources du cinéma populaire pour distiller en filigrane un discours très sérieux sur cette capitale de l’Absurdie qu’est devenue la bande d’une quarantaine de kilomètres située sur la côte orientale de l’État d’Israël. Une posture narrative qu’ont développé avec succès par le passé des cinéastes comme Eran Riklis (Les Citronniers, 2008) ou Elia Suleiman (It Must Be Heaven, 2019) dans des paraboles aussi caustiques que savoureuses.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-germano-portugo-qataro-palestinien de Tarzan et Arab Nasser (2020), avec Salim Daw, Hiam Abbass, Maisa Abd Elhadi. 1h28.




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