Critique

Publié le 5 septembre, 2022 | par @avscci

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Flee de Jonas Poher Rasmussen

Cristal du meilleur long métrage à Annecy en 2021 et premier film à être nommé simultanément dans les catégories meilleur documentaire, meilleur film d’animation et meilleur film étranger aux Oscars, Flee raconte l’histoire vraie d’Amin (le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité), un jeune Afghan ayant fui son pays à la fin des années 80. Le documentaire mêle à la fois des conversations (reconstituées en animation) durant lesquelles Amin témoigne auprès du réalisateur danois Jonas Poher Rasmussen et des flashbacks racontant son parcours, de sa jeunesse paisible à Kaboul à son arrivée au Danemark. 

Il s’agit d’un récit fort, assez fin dans sa construction, qui fait la part belle aux ellipses et privilégie la perspective et la distance sur le mélodrame. Il dit ainsi beaucoup sans être appuyé, tout en assumant ses aspects les plus émotionnels comme les plus édifiants. Le réalisateur tisse une relation de confiance avec son personnage, ce qui nous permet d’entrer dans son intimité passée comme présente, et de suivre pas à pas avec lui le long cheminement de la libération de la parole qui l’aide à se défaire de la carapace qu’il avait dû se forger pour survivre. 

C’est un témoignage personnel, délicat et bouleversant, qui va souvent à l’encontre des clichés (notamment sur la question de l’homosexualité), et rappelle les réalités concrètes de l’exil, entre mauvais traitements, dangers permanents et lâcheté hypocrite du droit européen. Car au-delà de l’histoire d’Amin et de ses semblables, ce qui frappe peut-être le plus est de constater qu’entre les années 90 et aujourd’hui, les conditions d’accompagnement et d’accueil des réfugiés ont si peu changé. 

Marie-Pauline Mollaret

Flugt, documentaire animé danois de Jonas Poher Rasmussen (2020) avec les voix de Daniel Karimyar, Fardin Mijdzadeh, Milad Eskandari. 1h29




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