Critique Flag day de Sean Penn

Publié le 1 octobre, 2021 | par @avscci

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Flag Day de Sean Penn

Après le ratage complet de son film précédent, The Last Face, Sean Penn était attendu au tournant. Et sans atteindre la maestria de The Pledge ou l’émotion de Into the Wild, reconnaissons que Flag day est un joli film. Incarnant John Vogel, un personnage de raté pathétique (ayant réellement existé), Sean Penn joue la carte de l’Americana, choisissant une nouvelle fois de parler de cette Amérique dite « profonde », celle des paumés, des red necks, qui ne sait rien de l’effervescence de New York ou Los Angeles, rame plus que de raison pour boucler les fins de mois et fait des choix aussi débiles que transitoires pour avancer. En l’occurrence notre homme accumule les petits trafics, les plans foireux, et va même jusqu’à faire de la fausse monnaie, ce qui ne manque pas de le mener régulièrement en prison. Penn a très bien rendu compte de ce sentiment de patinage, d’impuissance, de cette impossibilité de sortir du très court terme. C’est d’autant plus touchant que Vogel  a une passion pour sa fille, qui ignore tout de ses dérives avant de comprendre qui est son père et de prendre un vrai recul. D’où une suite de rendez-vous manqués, de tentatives de réconciliation… La force du film est évidemment décuplée par le fait que Penn a choisi sa propre fille pour incarner celle de son personnage. Il y a quelque chose d’émouvant de voir cet ancien bad boy d’Hollywood arriver à la soixantaine en exhibant ses blessures. En parlant de Vogel, il parle bien sûr de lui-même, de ses tentatives (à demi probantes) de rédemption. Cela aurait sans doute été déchirant si le metteur en scène avait fait montre de la sensibilité écorchée de jadis dans sa mise en scène cette fois-ci un  peu pépère… Mais tel quel le film reste tout à fait recommandable.

Yves Alion

Film américain de Sean Penn (2020), avec Sean Penn, Dylan Frances Penn, Katheryn Winnick, Josh Brolin. 1h48.




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