Critique Critique du film Falling de Viggo Mortensen

Publié le 19 mai, 2021 | par @avscci

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Falling de Viggo Mortensen

Si l’on se réfère à la bonne vieille politique des acteurs de Luc Moullet, Viggo Mortensen est alors un indispensable créateur de récits depuis des décennies. Comédien adulé en France et respecté dans le monde, capable d’injecter de l’opacité et de l’ambiguïté dans le plus lourd blockbuster hollywoodien, tout en devenant le partenaire de jeu privilégié d’un auteur aussi exigeant que Cronenberg, sa côte d’amour rendait son passage derrière la caméra ardemment désiré et attendu. Et, malgré un label Cannes 2020, le constat est tombé : Mortensen n’est à priori pas un nouvel Eastwood, encore moins Cassavetes, et pas non plus un nouveau Sean Penn (qui le révéla au début des années 1990). Drame familial sur le face à face entre un père vieillissant, réac, intolérant, et son fils, vétéran homosexuel marié, le récit affiche de grands panneaux politiques et idéologiques pas toujours subtils. L’humanisation par flash-backs de ce père facilement haïssable est une belle idée, mais le mode répétitif des scènes tue quelque peu les bonnes volontés. Il y a, au cœur de Falling, quelque chose que l’on n’aurait pas cru voir, une forme de manque de confiance. L’acteur/cinéaste enfonce le clou dans des séquences d’insultes et d’affrontements qui permettent à Henriksen de donner sa pleine mesure, mais deviennent vite redondantes. Mortensen semble avoir peur : de ne pas être compris, d’approcher mal son sujet, de ne pas bien filmer ses acteurs et la souffrance derrière la haine. Du coup le long métrage devient un amas de bonnes intentions qui, comme souvent dans ce cas, ne décolle que très épisodiquement.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Viggo Mortensen (2020), avec Viggo Mortensen, Lance Henriksen, Hannah Gross, Sverrir Gunason. 1h52.




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