Critique En roue libre de Didier Barcela

Publié le 28 juin, 2022 | par @avscci

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En roue libre de Didier Barcelo

Une idée de départ séduisante pour ce premier long métrage de Didier Barcelo. Une infirmière surmenée ne peut plus sortir de sa voiture. Son angoisse est assez forte pour la paralyser au point d’être physiquement incapable de quitter cet habitacle où le spectateur l’accompagne pendant tout le récit. Il faut à cette mise en place ajouter des éléments extérieurs. Ce sera d’abord un faux méchant, un faux petit criminel armé dont les menaces sont évidemment factices. L’infirmière a cinquante ans, le faux dur la vingtaine, on sent dès l’abord que leur relation sera déséquilibrée et intéressante, leur complicité perturbée par des écarts de génération, de langage, de culture. Marina Foïs sait faire rire en n’oubliant pas la gravité. Benjamin Voisin, au moment du tournage, n’avait tourné ni Été 85, de François Ozon, ni Illusions perdues, de Xavier Giannoli, mais il est déjà remarquable dans son jeu et sa présence. Sur la longue route que partagent les deux passagers obligés, on croise un vieil homme obstiné, une auto-stoppeuse foldingue et surtout un psychologue fragile joué par l’étonnant Jean-Charles Clichet. On avait déjà admiré la forte présence de ce dernier dans le récent Viens je t’emmène d’Alain Guiraudie. Tous ces ingrédients, scénario malin, acteurs de talent, dialogues plutôt bien écrits, font d’En roue libre une comédie agréable à regarder, où on rit souvent. Au bout du compte pourtant on reste un peu frustré par un récit qui ne va pas au bout de ses promesses, où artistiquement la fantaisie et la « roue libre » nous emmènent moins loin qu’on espérait. Tant qu’à desserrer les freins, il fallait oser plus de folie ou plus de sens.

René Marx

Film français de Didier Barcelo (2021), avec Marina Foïs, Benjamin Voisin, Jean-Charles Clichet, Albert Delpy, Émilie Arthapignet. 1h29.




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