Critique

Publié le 6 mars, 2023 | par @avscci

0

Empire of light de Sam Mendes

Empire of light vient à point pour nous rappeler que le réalisateur de American Beauty est anglais. Le film affiche de toute évidence des couleurs autobiographiques en portant la lumière sur une salle de cinéma un rien kitch qui trône en bord de mer dans une station balnéaire du Sud de l’Angleterre. L’occasion de revenir sur ces années 80, qui virent l’adolescence du cinéaste, ces années thatchériennes qui n’étaient en rien le berceau d’une dolce vita à l’anglaise. Il y a néanmoins beaucoup de nostalgie irrigant le décor suranné de cette salle hors du temps, où l’on devine que Mendes a puisé ses premières émotions de cinéma. Mais Empire of light n’est pas un autre Fabelmans et la déclaration d’amour au 7è Art de Mendes ne ressemble en rien à celle de Spielberg. La mélancolie du film dépasse en effet le cadre de la cinéphilie ou d’une adolescence perdue pour s’orienter sur le cas des deux personnages principaux du film : une femme d’un certain âge dont la vie s’est visiblement engagée dans un cul-de-sac affectif, et un homme plus jeune mais que la pigmentation de sa peau promet à un avenir pour le moins incertain. C’est la relation d’abord cachée, puis ouvertement scandaleuse entre ces deux laissés pour compte qui irrigue le film, dont la noirceur est par moments distraite par quelques éclats revigorants. Empire of light surprendra sans doute ceux qui se souviennent que Mendes est celui qui a su donner des teintes nouvelles à la franchise des James Bond, avant de signer un magistral 1917, qui n’a pas fini de servir d’exemple à ceux qui aiment les plans-séquence d’anthologie. Rien à redire, ces films-là sont exemplaires. Mais cela ne nous empêche pas de gouter au parfum sans doute plus discret mais quand même envoutant de cette parenthèse pleine d’émotion véritable.

Yves Alion

Film anglo-américain de Sam Mendes (2023), avec  Olivia Colman, Micheal Ward, Colin Firth, Toby Jones. 1h59.




Back to Top ↑