Critique

Publié le 14 février, 2023 | par @avscci

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Emmett Till de Chinonye Chukwu

En 1955, Mamie Till-Mobley fait figure de modèle par sa réussite exemplaire dans la société américaine encore très ségrégationniste. Alors, quand le fils unique de cette veuve qui est l’unique salariée de couleur de l’US Air Force à Chicago, est lynché dans le Mississippi où il passait des vacances en famille, elle décide de se battre pour faire éclater la vérité. Emmett Till fait partie de ces œuvres démonstratives mais nécessaires qui confrontent l’Amérique à ses vieux démons, au moment où les bavures policières dont sont victimes les citoyens de couleur témoignent d’un racisme endémique et dévastateur. Chinonye Chukwu appuie là où ça fait mal et s’inscrit dans la lignée d’un autre film situé quant à lui en 1962, Green Book : Sur les routes du Sud (2018), davantage que dans celle du plus édifiant mais tout aussi authentique Les Figures de l’ombre (2016) qui célébrait la contribution méconnue des calculatrices afro-américaines de la Nasa dès le début des années 60. Peu à peu, le cinéma américain fait ainsi émerger une réalité alternative qui comble d’abyssales lacunes mémorielles. Emmett Till fait partie de ces œuvres délibérément démonstratives qui jouent sur les ressorts les plus élémentaires du cinéma hollywoodien pour faire passer l’un de ces fameux messages que John Ford préconisait de confier plus volontiers à la poste qu’au cinéma. Reste que dans un pays plus fracturé que jamais, savoir d’où l’on vient aide à comprendre où l’on va. C’est là la vertu cardinale de ce film transcendé par l’interprétation de Danielle Deadwyler en mère courage.

Jean-Philippe Guerand

Till. Film américain de Chinonye Chukwu (2022), avec Danielle Deadwyler, Jalyn Hall, Whoopi Goldberg, Haley Bennett 2h12.




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