Critique

Publié le 27 décembre, 2023 | par @avscci

0

Dream Scenario de Kristoffer Borgli

Révélé il y a quelques mois par une réflexion très singulière sur la dictature de la notoriété, Sick of Myself, le cinéaste norvégien Kristoffer Borgli a logiquement attiré l’attention d’Hollywood. Son premier film américain repose sur un concept très original : un professeur d’université à l’existence routinière se retrouve malgré lui au cœur des rêves de gens qu’il ne connaît pas toujours et où il apparaît le plus souvent comme un figurant intrusif. Un phénomène irrationnel qui laisse les spécialistes perplexes, mais finit par le dépasser en lui valant une gloire aussi soudaine qu’envahissante. On imagine le parti qu’aurait pu tirer le Spike Jonze de Dans la peau de John Malkovich (1999) et Her (2013) d’un tel concept. Dream Scenario cherche moins à trouver une explication à ce phénomène irrationnel qu’à observer ses effets sur un homme vraiment banal. Au second degré, le film recycle la prophétie d’Andy Warhol selon laquelle n’importe qui est susceptible de jouir d’un instant de célébrité éphémère, aussi bref et injustifié soit-il. Au-delà de l’originalité même de son sujet, Dream Scenario bénéficie d’un atout maître en la personne de son interprète principal, Nicolas Cage, dans un rôle qui évoque certains des hommes de la rue mis en scène par Frank Capra, avec en plus une incapacité fondamentale à s’adapter pour assumer son statut, en raison de son caractère étriqué. Un constat amer mais savoureux qui va de pair avec une sanction morale implacable, le tout baigné par un humour au vitriol qui n’épargne rien ni personne, sur fond de wokisme et de revendications féministes.

Jean-Philippe Guerand

Film américain de Kristoffer Borgli (2023), avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera. 1h41.




Back to Top ↑