Critique Délicieux d'Eric Besnard

Publié le 14 septembre, 2021 | par @avscci

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Délicieux d’Éric Besnard

Dans son avant-dernier film, Le goût des merveilles (2015), passé injustement inaperçu, Éric Besnard célébrait la douceur de vivre provençale à travers la rencontre d’une arboricultrice et d’un autiste. Il confie dans Délicieux à l’interprète de ce rôle, Benjamin Lavernhe, un emploi très différent : celui du duc de Chamfort, un noble du XVIIIe siècle qui se pique de gastronomie et voit le cuisinier qu’il a limogé ouvrir ce qui deviendra le premier restaurant, alors même que retentissent les premiers échos de la Révolution Française. Le réalisateur de Délicieux en a mitonné le scénario avec la complicité d’un de ses confrères, rompu à des thématiques autrement moins légères, Nicolas Boukhrief. Confronté à une histoire singulière qui ressemble à un conte de fées, mais puise sa source dans des ouvrages historiques, avec les licences de rigueur, Éric Besnard s’appuie sur un casting extrêmement solide. Outre l’excellent Benjamin Lavernhe de la Comédie Française en aristocrate aux abois à quelques encâblées de la nuit du 4 août qui abolira officiellement les privilèges, il associe deux acteurs de composition particulièrement raffinés en la personne de Grégory Gadebois et Isabelle Carré dont le contraste physique constitue un atout maître. Délicieux exalte l’art de vivre à la française, en faisant sortir la gastronomie des châteaux et en la transformant en un objet de convivialité partagée. En filigrane de cette célébration des plaisirs de la vie, affleure toutefois aussi un discours politique corollaire dont la modernité n’a besoin d’aucun anachronisme pour être saisissante.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-belge d’Éric Besnard (2019), avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe, Guillaume de Tonquédec. 1h53.




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