Critique

Publié le 26 juillet, 2023 | par @avscci

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De nos jours de Hong Sang-soo

Les derniers opus de Hong Sang-soo semblaient hantés par la mort. Plus léger, De nos jours donne l’impression d’en revenir à des préoccupations moins sensationnelles, mais tout aussi justes, entre le constat du temps qui passe et l’observation amusée des petites contrariétés du quotidien. Construit autour de deux situations relativement similaires montées alternativement, et qui évidemment se font écho, le récit met tour à tour en scène un vieux poète qui se plaint de ne plus pouvoir boire et fumer (alors que c’était toute sa vie, nous précise-t-on) et une actrice à qui tout semble soudainement vain, et qui ne veut plus jouer. Difficile de ne pas voir dans ce double portrait celui du réalisateur lui-même et de sa muse, Kim Minhee, qui interprète sans surprise la comédienne en pleine reconversion. Il est alors tentant d’y projeter une sorte de bilan d’étape que ferait Hong Sang-soo non pas sous une forme testamentaire, mais probablement plus dans l’idée de fixer le sentiment qui l’anime à ce stade de sa carrière. Sentiment ambivalent sans doute, mais loin d’être amer, qui l’amène à porter un regard presque lumineux sur l’existence et ses absurdités. Il s’amuse ainsi de notre rapport au monde et de notre absolue incapacité à tirer la moindre conclusion de nos expériences, ou à identifier un quelconque sens à notre vie. Il tire de ces observations un humour joyeux et revigorant et capte, comme il sait si bien le faire, le flottement absolu dans lequel évoluent ses personnages – et sans doute le reste de l’Humanité avec eux. Il est évident, à cette vision, que Hong Sang-soo est à l’heure actuelle le cinéaste qui parvient le mieux à retranscrire dans un même mouvement le sentiment de l’absolue vacuité de l’existence et son indéfinissable beauté.

Uliui halu, film sud-coréen de Hong Sang-soo (2023) avec Ki Joobong, Kim Minhee, Song Sunmi, Park Miso, Ha Seongguk, Kim Seungyun… 1h24

Marie-Pauline Mollaret




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