Critique De bas étage de Yassine Qnia

Publié le 9 août, 2021 | par @avscci

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De Bas étage de Yassine Qnia

Premier long métrage français présent à la Quinzaine des réalisateurs, De bas étage réactive une vieille tradition du cinéma français, noble mais pas forcément très reprise et respectée : le film noir de chez nous. Il y a du Becker (père, bien évidemment) dans ce récit de petites frappes professionnelles, douées dans leur illégal métier, et victimes précisément de ce talent. Le récit en soi reprend un schéma plutôt simple, classique. Soit un homme entre deux mondes, celui d’une respectabilité incarnée par une femme, un enfant, qu’il n’arrive pas à assumer autant qu’il le souhaiterait. Et celui d’une forme de délinquance qui, malgré ses évidents dangers, constitue le seul monde qu’il connait pleinement, et dans lequel il sait exercer ses talents. La particularité de l’œuvre réside dans une sorte de refus des codes dans lesquels on pourrait l’enfermer. Tout se joue dans une chronique étrangement quotidienne, sur un homme qui cherche à définir sa place. Le cinéaste, Yassine Qnia, refuse un spectaculaire trop événementiel pour observer, la caméra rivé aux corps mais également aux lieux dans lesquels ils évoluent, des personnages qui se butent sans arrêt à un manque d’horizon mortifère. Porté par ses comédiens, Souheila Yacoub en tête, De bas étage manque parfois d’un peu d’ambition, mais sait souvent traquer le plan et le ton juste, comme dans cette fin brusque mais aussi fort élégante, qui sait figer avec classe tout jugement ou cliché trop faciles.

Pierre-Simon Gutman

Film français de Yassine Qnia (2021), avec Sofiane Guerrab, Souheila Yacoub, Gary Cothenet. 1h27




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