Critique

Publié le 18 mars, 2024 | par @avscci

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Dans la peau de Blanche Houellebecq de Guillaume Nicloux

Michel Houellebecq fait partie des figures les plus pittoresques de notre petit monde intellectuel. L’écrivain considéré parfois comme un prophète pour ses tableaux au vitriol de la société française contemporaine et controversé en raison de ses prises de position parfois radicales est par ailleurs devenu l’interprète du tandem Kervern-Delépine (Saint Amour et Effacer l’historique) et des comédies délirantes de Guillaume Nicloux où il tient son propre rôle, à la lisière du documentaire et de la comédie de mœurs. Après L’Enlèvement de Michel Houellebecq (2014), Near Death Experience et Thalasso (2019), les deux compères ajoutent un nouveau chapitre à un cycle autofictionnel où toute ressemblance avec des éléments de la vie réelle est au moins aussi délibérée que fortuite. Il est embarqué cette fois dans un improbable séjour en Guadeloupe pour assister à un concours de sosies à son image dont le jury est présidé par Blanche Gardin. Ils sont en outre bien entourés, à l’instar du garde du corps brut de décoffrage que campe Luc Schwarz, un colosse qui n’aurait pas détonné dans certaines comédies de Georges Lautner. Cinéaste insaisissable, Guillaume Nicloux laisse assez d’espace à l’écrivain pour se sentir parfaitement à son aise, tout en cultivant une confusion assumée entre la réalité et la fiction. Son regard reste toutefois bienveillant, tendre et dépourvu de moquerie. Avec en prime des apparitions désopilantes dans leurs propres rôles de Gaspar Noé, Jean-Pascal Zadi et même Francky Vincent. Autant de happenings savoureux dans un film qui pratique à merveille l’art de la déroute.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Guillaume Nicloux (2024), avec Blanche Gardin, Michel Houellebecq, Luc Schwarz, Franck Monier, Françoise Lebrun 1h28.




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