Critique Wildlife de Paul Dano

Publié le 18 décembre, 2018 | par @avscci

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Wildlife de Paul Dano

Paul Dano est né en 1984. Acteur, on l’a découvert en 2006 dans Little Miss Sunshine. Il a été les jumeaux de There Will Be Blood en 2007. Plus récemment Twelve Year a Slave, Youth, Prisoners et l’an dernier à Cannes Okja de Bong Joon-ho ont permis de confirmer sa place très originale, parfois inquiétante, d’acteur important du cinéma contemporain. Son premier long métrage est l’adaptation d’un roman de Richard Ford paru en 1990. Il a ouvert la Semaine de la Critique cette année à Cannes. Le scénario est écrit avec sa compagne Zoe Kazan, petite-fille du cinéaste d’À l’est d’Eden. Le récit est conté du point de vue de Joe, quatorze ans (magnifique Ed Oxenbould). Ses parents parfaits, dans une Amérique idéale et tranquille du début des années soixante, vont peu à peu glisser, détruire leur couple et les illusions tendres de l’enfant. Joe ouvre les yeux sur la précarité du bonheur. La violence de la chute de Joe vers la tristesse est assenée au spectateur par un metteur en scène précis, méticuleux, jamais décoratif ou mélodramatique. Carey Mulligan incarne une mère qui abandonne peu à peu sa decency pour s’acheminer vers une difficile liberté. Le père, avec ses affirmations viriles, s’affaiblit lui-même au cours d’une narration de dévoilement qui fait tout le prix du film. La tombée des masques est cruelle. Dano montre bien qu’elle ne bouleverse pas seulement l’adolescent qui porte le film. Elle est aussi la révélation de l’immaturité de deux prétendus adultes, en réalité égarés, dans une Amérique qui s’accroche aux fragiles apparences de la modernité. Avec finesse, Dano montre ce dévoilement en donnant le dernier mot à l’adolescent enfin grandi.

René Marx

Film américain de Paul Dano (2018), avec Carey Mulligan, Ed Oxenbould, Bill Camp et Jake Gyllenhaal. 1h45

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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