Critique Une part d'ombre de Samuel Tilman

Publié le 23 mai, 2019 | par @avscci

0

Une part d’ombre de Samuel Tilman

C’est le premier long métrage d’un scénariste-réalisateur-producteur déjà expérimenté, né à Ixelles il y quarante-quatre ans. Il travaille depuis longtemps avec Fabrizio Rongione, à la télévision, sur scène aussi. Tout aussi belge que ses deux complices, Natacha Régnier est l’autre protagoniste de ce thriller très convaincant. On pourrait croire au début à une variation sur le modèle ancien du faux coupable. Mais, c’est la qualité principale du travail de mise en scène, le doute est constant pour le spectateur, mais aussi pour les comédiens eux-mêmes qui ne connaissaient pas la solution du rébus pendant le tournage. La superposition des « espaces de doute » (pression sociale – travail, police, justice – mais aussi pression sentimentale – couple, cercle familial, cercle amical) permet d’intégrer le public du film dans le procès incertain d’un seul homme, d’un seul personnage. Le léger décalage qui fait naître l’action dans les Vosges, c’est-à-dire assez près et assez loin de la Belgique pour créer une sorte d’exotisme minuscule, ajoute au trouble général. Avec des données banales, milieu professionnel, cercles relationnels successifs, confrontation de la Morale, des règles de droit, des demi-mensonges et des amorces de vérité, Tilman tient son récit sans faiblir. L’angoisse créée par le récit vient de la gravité du propos. On n’est pas dans un jeu de Cluedo. Et pas non plus chez Hitchcock. Si celui-ci utilisait les peurs primaires, la sexualité, les illusions d’optique, ce film interroge davantage les convenances, la précarité des positions, le danger qui couve sous la banalité. Et apporte une conclusion qui renforce la gêne. Beau travail.

René Marx

Film Franco-belgo-suisse de Samuel Tilman (2018) avec Fabrizio Rongione et Natacha Régnier. 1h34




Back to Top ↑