Critique Affiche Une Intime Conviction d'Antoine Raimbault

Publié le 12 février, 2019 | par @avscci

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Une intime conviction d’Antoine Raimbault

De L’Affaire SK1 (sur l’affaire Guy Georges) à Présumé coupable (sur celle d’Outreau) en passant par 24 Jours (les atrocités du gang des barbares) ou Possessions (sur l’affaire Flactif), le cinéma français ne s’est jamais privé de se nourrir de certains faits divers pour nous livrer des films forts, qui souvent débouchent dans les tribunaux. Une façon de faire coup double tant la mise en scène judiciaire s’apparente à celle des planches (coups de théâtre compris). Une intime conviction s’intéresse quant à lui à l’affaire Viguier, du nom de cet homme dont la femme a disparu et qui s’est retrouvé devant les juges après avoir été soupçonné de l’avoir occise. Une affaire sur laquelle plane le doute et qui soit dit en passant repose sur un mystère qui à ce jour n’a toujours pas été percé. Le réalisateur Antoine Raimbault (qui signe ici son premier film) ne cherche pas à noyer le poisson : ce qu’il raconte semble assez proche des faits. Et l’homme qui tient bien serré le fil narratif de l’affaire, l’avocat Éric Dupont-Moretti ne se cache pas sous un faux nom. C’est Olivier Gourmet qui lui prête ses traits et hérite de sa faconde. Il y est formidable et sa plaidoirie est un grand moment de cinéma. Mais il faut dire que son modèle, Dupont-Moretti n’est pas non plus le dernier à tenir son audience, comme on tient une salle. L’avocat se fait d’ailleurs comédien à ses moments perdus. Sur une scène de théâtre ou au cinéma (dans Chacun sa vie, de Claude Lelouch, où il ouvre le film en parlant de son… intime conviction). Il est vrai qu’à chaque fois il y incarne un avocat… Si le film se satisfaisait de ne parler que de cette affaire dans laquelle l’accusé n’est jamais sorti d’un mutisme qui posait problème, il nous passionnerait déjà. Mais les auteurs ont tenu à développer un personnage supplémentaire, incarné par Marina Foïs, une femme qui s’est mise en tête de tout faire, et cela au-delà du raisonnable, pour faire innocenter Viguier, qu’elle ne connaît d’ailleurs que de loin… C’est évidemment pour la bonne cause, mais cette passion devenant pathologique, il n’est pas interdit de verser son cas au dossier du grand mystère des comportements humains.

Yves Alion

Film français d’Antoine Raimbault (2018), avec Olivier Gourmet, Marina Foïs, Laurent Lucas. 1h50.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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