Critique Un soir en Toscane de Jacek Borcuch

Publié le 3 février, 2020 | par @avscci

0

Un soir en Toscane de Jacek Borcuch

Une poétesse polonaise sexagénaire vit au cœur de la Toscane. Juive, prix Nobel, féministe, libre, elle est une sorte de résumé de l’Europe. La vigne, les paysages forgés par l’histoire, la culture et les valeurs anciennes associées à une modernité résolue. Ayant créé ce personnage, le réalisateur a confié le rôle à Krystyna Janda, une star du cinéma polonais, donc européen, qui est elle-même, depuis L’Homme de marbre (Wajda, 1977) l’un des symboles de la culture contemporaine. Et, en lui prêtant une liaison avec un jeune Égyptien, il place son personnage dans une double contradiction : le vieux continent accueillant (ou pas) ce qu’on appelle en Italie les « extra-européens » et la transgression assumée d’une femme plus très jeune (et mariée) s’affichant avec un garçon de trente ans. La transgression va se déplacer du village à la scène médiatique pour des prises de positions politiques inattendues qui lui aliènent une partie de l’opinion. La poétesse fait penser à un Pasolini revenu scandaliser le petit monde de 2020. Borcuch pose avec beaucoup de justesse des questions sur les limites de la parole et du comportement public, sur le rôle complexe d’une grande intellectuelle dans le monde d’aujourd’hui. En assumant bien l’aspect fictionnel de son récit. Quelques petites incertitudes de scénario (le personnage déconcertant du commissaire de police par exemple) n’enlèvent rien à la force du propos.

René Marx

Dolce fine giornata. Film polonais de Jacek Borcuch (2019), avec Krystyna Janda, Kasia Smutnak. 1h36




Back to Top ↑