Critique Un peuple et son roi de Pierre Schoeller

Publié le 27 septembre, 2018 | par @avscci

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Un peuple et son roi de Pierre Schoeller

L’Exercice de l’Etat date de 2011. Il aura donc fallu sept ans pour que Pierre Schoeller nous offre un nouveau film. Mais cette longue attente s’explique par l’ambition du projet. Un peuple et son roi est tout simplement l’une des fresques les plus amples offertes par le cinéma français depuis des années, qui nous montre la Révolution française revisitée sans que l’on ne lésine jamais sur les moyens. Il faut dire que le projet est dans le titre, et que Schoeller a visiblement le désir d’explorer une nouvelle fois les arcanes du pouvoir en pointant du doigt la relation complexe entre le peuple, dans sa diversité, et celui qui les représente. Sous-jacente est l’idée que si Louis XVI finit guillotiné Place de la Révolution, c’est parce qu’il incarne la royauté et que c’est à elle qu’il s’agit de faire perdre la tête. Si le film se veut très pédagogique (le long défilé des députés lors du vote sur la mort du roi, les cartons situant les différents tableaux qui sont offerts à notre attention), il n’en prend pas moins la peine de montrer le bouillonnement de ce peuple qui n’a rien d’abstrait et ne demande qu’à sortir du cadre étroit des livres d’Histoire. On pense à La Marseillaise de Renoir, qui reste bien évidemment la modèle absolu quand il s’agit de représenter la Révolution française à l’écran. Parce que la politique n’est pas tout, parce que le vent de l’Histoire ne souffle pas à chaque seconde avec la même intensité, parce qu’il est heureux que le peuple ait lui aussi, un corps, ou plutôt des corps, des corps désirants, des corps abimés, des corps sublimés. Si le peuple cinéphile se rend dans les salles avec suffisamment d’enthousiasme, il est question que ce premier film qui se termine par la mort du roi le 21 janvier 1793, puisse connaître une suite, pleine de bruit et de fureur, comme on l’imagine.

Yves Alion

Film français de Pierre Schoeller (2018), avec Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Denis Lavant. 2h01.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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