Critique Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens

Publié le 9 décembre, 2017 | par @avscci

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Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens

N’ayons pas peur des mots : Tueurs est l’un des polars les plus excitants de ces dernières années. Plus réaliste (et moins lyrique) que le récent Fidèle, aussi âpre (et moins onirique) que  Les Ardennes, voilà un film qui perpétue avec brio la veine du thriller belge (un genre qu’il convient de prendre au sérieux, même si le filon n’est pas d’une épaisseur impressionnante). Le film est basé sur ces Tueurs du Brabant qui, dans les années 80, ont supprimé tous les témoins de leurs braquages (à leur tableau de chasse 28 morts et des dizaines de blessés), plongeant le pays dans une parano durable. Mais les auteurs du film n’ont pas pour autant livré une tranche de vie (saignante) et c’est davantage le climat de l’époque que les faits eux-mêmes qui les a intéressés. Il n’est d’ailleurs pas interdit d’entendre ici et là des allusions à l’attentat de la gare de Bologne (généralement attribué à l’extrême-droite italienne). Et il n’est pas impossible non plus de sentir comme des effluves du meilleur Boisset, qui a plus d’une fois du temps de sa splendeur expliqué une partie du grand banditisme par sa collusion avec un milieu politique corrompu. Mais Tueurs n’est pas un film à thèses, c’est un excellent film d’action (le braquage qui ouvre le film est impressionnant), porté par des comédiens irréprochables. Au premier rang desquels e trouve une nouvelle fois Olivier Gourmet (que l’on retrouvera dans quelques semaines dans la peau du Régent, celui qui a tenu les rênes du pouvoir lors de la minorité de Louis XV, dans L’Echange des princesses.) Signalons que Tueurs est un premier film, l’un des coréalisateurs, François Troukens, n’étant autre qu’un ancien caïd du milieu. Il sait donc de quoi il parle… Mais si le film n’est pas exempt de ce romantisme (mortifère) qui irrigue certains films de gangsters, notre homme ne fait pas pour autant de ses personnages des saints. Simplement des êtres déphasés dans un monde qui lui-même ne tourne pas très rond.

Yves Alion

Film belge de François Troukens et Jean-François Hensgens (2017), avec Olivier Gourmet, Lubna Azabal, Kevin Janssens. 1h 26.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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